mercredi 18 mai 2016

justice climatique (2) : Chancel et Piketty

Nouveaux éléments sur un sujet précédemment décrit ici : une contribution de Chancel et Piketty sur l'évolution de l'inégalité mondiale des émissions de CO2 entre 1998 et 2013, et les perspectives pour un financement équitable de l'adaptation.

Une étude pleine de graphiques historiques comme je les aime :

La conclusion de la démonstration est que " les émissions de CO2 demeurent fortement concentrées (les 10% des individus les plus émetteurs sont responsables de 45% des émissions mondiales alors que les 50% les émetteurs sont responsables de moins de 13% des émissions) mais que les inégalités d'émissions sont de plus en plus expliquées par les inégalités à l'intérieur des pays - et non entre pays. Les grands émetteurs sont aujourd'hui sur tous les continents et un tiers d'entre eux vient des pays émergents."
Les auteurs imaginent donc " des stratégies de financement d'un fond mondial pour l'adaptation au changement climatique fondées sur un principe d'équité entre individus et non entre pays, donc mettant le focus sur les individus plutôt que sur les pays fortement émetteurs ".
Cela conduit les auteurs à envisager une taxe carbone mondiale progressive sur les émissions individuelles au delà d'un seuil à définir (0, ou les émissions mondiales moyennes, ou les x% de la population mondiale les plus émetteurs), ou des taxes carbone nationales (le montant de la contribution de chaque pays dépendrait de ses émissions dépassant un seuil donné par individus, et chaque pays étant libre de collecter sa contribution sur les émissions ou les revenus et de fixer sa progressivité).

Approche intéressante et moins macroscopique que d'autres.

esclaves énergétiques

On a vu précédemment que la notion d'esclave énergétique permet d'incarner le poids de notre dépendance aux énergies fossiles. Je rend ici à Manicore la paternité de la notion d'esclave énergétique.
D'autres ont converti en esclave énergétiques les séries longues de l'énergie primaire mondiale :
A nouveau on visualise le poids qu'ont pris les énergies fossiles dans nos vies, et le bouleversement quand on devra apprendre à s'en passer.

lundi 9 mai 2016

l'institution scolaire

Je vous ouvre l'appétit avec une citation de John Holt :

« L'éducation, avec son fer de lance qu'est le système de scolarité obligatoire, avec toutes ses carottes, ses bâtons, ses notes, ses diplômes et ses références, m'apparaît aujourd'hui comme la plus autoritaire et la plus dangereuse des inventions humaines. C'est la racine la plus profonde de l'état d'esclavage moderne et mondialisé dans lequel la plupart des gens ne se sentent rien d'autre que producteurs, consommateurs, spectateurs et fans, motivés de plus en plus, dans tous les aspects de leur vie, par l'appât du gain, l'envie et la peur. »

taxe carbone variable

Le cours du pétrole est très variable, et les prix très bas créent aujourd’hui une occasion en or de mettre en œuvre une taxe carbone « variable ». Introduire une taxe en période de baisse des prix amortit le choc du traitement de cheval.

C'est ce que défendent Kemal Dervis et Karim Foda, du think tank américain Brookings Institution.

Les auteurs imaginent qu’en décembre 2014, les décideurs politiques aient introduit une taxe de 100$ par tonne de carbone (équivalent à une taxe de 27$ sur le CO2), et que depuis lors, chaque augmentation de 5$ du prix du pétrole ait été associée à une diminution de la taxe carbone de 30$ par tonne, et chaque diminution de 5$ ait entraîné une augmentation de la taxe de 45$ par tonne.


Avec cette approche, les décideurs pourraient utiliser le marché pour aider à propulser leurs économies hors de la dépendance aux combustibles fossiles, et redistribuer le surplus du producteur (les bénéfices) des producteurs de pétrole vers les trésors des pays importateurs, sans imposer une charge trop importante ou soudaine sur les consommateurs. En fait, en stabilisant les coûts d’utilisation, cette politique offrirait des gains importants.
La clé de la faisabilité politique de cette stratégie est de la lancer tandis que les prix sont très bas. Une fois en place, elle deviendra une part peu remarquée et politiquement non controversée du prix de l’essence (et d’autres produits) – mais une part qui produit des avantages considérables. Une partie des recettes pourraient être retournée au public sous la forme de réductions d’impôts ou de soutien de la recherche.

Géraud Guibert, de la Fabrique Écologique, défend lui aussi un mécanisme du type TIPP flottante, afin d'enrayer une trop forte baisse des prix du pétrole qui encourage le laxisme en matière d'énergie alternative.