vendredi 22 mars 2019

transition ou effondrement ?

J'ai lu avec grand intérêt le livre de Pablo Servigne et Rapahël Stevens :
Je retiens d'abord la définition d'Yves Cochet de l'effondrement : un "processus irréversible à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, etc.) ne seront plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi".

La distinction entre les limites et les frontières est intéressante. Reste que nous avons déjà franchi de nombreuses frontières (émissions massive de gaz à effet de serre, pollution des océans et des sols, extinction de nombreuses espèces animales...) et approchons des limites (notamment celle des réserves d'énergie fossile, mais aussi des métaux et autre matériaux indispensables à notre civilisation).

Je ne sais pas si cette citation d'Aldous Huxley est exacte, tirée d'un essai de 1928 intitulé « Progress: How the Achievements of Civilization Will Eventually Bankrupt the Entire World » (en français: « Le progrès : comment les accomplissements de la civilisation vont ruiner le monde entier »), mais elle serait visionnaire :« La colossale expansion matérielle de ces dernières années a pour destin, selon toute probabilité, d’être un phénomène temporaire et transitoire. Nous sommes riches parce que nous vivons sur notre capital. Le charbon, le pétrole, les phosphates que nous utilisons de façon si intensive ne seront jamais remplacés. Lorsque les réserves seront épuisées, les hommes devront faire sans… Cela sera ressenti comme une catastrophe sans pareille. » 

J'ai pris conscience avec ce livre de la fragilité de notre système, financier comme institutionnel, de son addiction à la croissance. Il nous faut consommer de plus en plus de ressources (notamment d'énergie) pour maintenir un système de plus en plus complexe.

Certains espèrent une porte de sortie par "un véritable découplage entre croissance et impact environnemental, grâce aux technologies exponentielles" (sic). Cela serait faire abstraction de la raréfaction inéluctable de la plupart des ressources nécessaires à es technologies, comme déjà lu plus tôt.

Après ce constat lucide, le livre ouvre sur l'espoir de franchir et effondrement en limitant les dégâts tant pour la planète (mais ils sont déjà importants) que pour l'humanité. "L’effondrement n’est pas la fin mais le début de notre avenir".

Sur le même thème de l'effondrement, je conseille certains épisodes de la web-série [next], par exemple celui avec Pablo Servigne ou avec Anthony Brault.

On trouve effectivement des gens qui travaillent déjà courageusement à construire l'après-effondrement, par exemple :Adrastia, qui a pour objectif d’anticiper et préparer le déclin de la civilisation thermo-industrielle de façon honnête, responsable et digne.L’Institut Momentum, laboratoire d’idées sur les issues de la société́ industrielle et les transitions nécessaires pour amortir le choc social de la fin du pétrole, laboratoire d'idée qui se consacre à répondre au défi de notre époque : comment organiser la transition vers un monde postcroissant, postfossile et modifié par le climat ?