mardi 19 décembre 2017

Décarboner l'Europe

J'avais déjà listé ici quelques actions allant dans la direction de la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
D'authentiques "experts" (the Shift Project, the carbon transition think tank) ont construit et chiffré 9 propositions pour décarboner l'Europe :

Océan

L'océan nous nourrit, nous relie, et protège et régule le climat.

Voilà qui justifie amplement que l'océan soit l'objet d'un des 17 objectifs de développement :

Le lien entre océans et climat me parait notamment essentiel. La présence d'eau liquide a été une des conditions indispensables à l'apparition de la vie sur Terre. Les océans absorbent environ 30% du CO2 produit par les humains et atténuent les impacts du réchauffement climatique. La gestion prudente de cette ressource vitale mondiale est un élément clé pour un avenir durable.

Sans compteur que l'Océan reste un formidable réservoir d'émerveillement.

lundi 18 décembre 2017

réchauffement climatique

Cela ressemble à une spirale centrifuge :

L'essentiel est de contenir les températures à l'intérieur d'un cercle "raisonnable" :

médias et démocratie : constat

Premier constat : en débroussaillant un peu la jungle des participations, les médias français sont extrêmement concentrés dans les mains d'une dizaine de groupes industriels et financiersComme l'écrit Osons Causer, dix milliardaires possèdent l'immense majorité des médias français.

Deuxième constat : les groupes qui possèdent les médias n’ont pas ce métier comme activité unique ou première. Il s’agit même de groupes qui ont comme particularité d'avoir l'Etat pour client, de dépendre économiquement de l’Etat, donc du pouvoir politique.
Comme l'écrit Marie-Anne Kraft, le pouvoir politique dépend du pouvoir télévisuel en même temps que les groupes contrôlant les médias télévisuels peuvent utiliser le pouvoir conféré par la télévision au bénéfice de leurs autres activités (défense, bâtiment, téléphone...).

Ces deux facteurs représentent une menace pour la démocratie.

D'abord parce que l'apparente pluralité des médias cache en fait peu d'acteurs, et peu d'acteurs très semblables. Ceux-ci peuvent décider de l'importance donnée à chaque sujet et orienter le traitement de l'information, formant et déformant notre réalité, décourageant la réflexion personnelle et l'engagement citoyen. On rejoint la thèse de la "fabrique du consentement", selon laquelle l'opinion publique en démocratie doit être consciencieusement contrôlée.

Ensuite parce que posséder des médias est un enjeu d’influence, tant sur des clients ou partenaires privés que sur les décisions étatiques. Entre les mains de grands groupes industriels et financiers, les entreprises médiatiques sont des outils d’influence en faveur des politiques qui préservent leurs intérêts. Les chaînes de télévision (et les instituts de sondage) donnant plus ou moins de visibilité et de crédibilité aux candidats à une élection ou aux partis politiques, les groupes industriels et financiers qui les possèdent peuvent s'attendre à un "retour d’ascenseur" (voire le réclamer) en récompense d'avoir pesé dans l'issue du scrutin. Vieille controverse : les médias font-ils l’élection ? Sans aller jusqu'à parler de corruption, cela me parait présenter un risque de trafic d'influence tacite et par anticipation, voire inconscient.
Passons maintenant aux propositions...

dimanche 17 décembre 2017

Make our planet great again

alimentation et climat : trop de viande dans les assiettes

On a vu précédemment que l'alimentation occupe une part non négligeable de nos émissions de gaz à effet de serre : 36% !
L'empreinte carbone de notre alimentation comme son empreinte eau varie énormément selon l'origine des protéines animales.

Voilà donc un levier d'action simple et pragmatique :

Je relaie ici une campagne de Greenpeace :
"
Dans les cantines scolaires, entre deux et six fois trop de protéines sont servies aux enfants par rapport aux recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES).
Cela présente un risque pour la santé des enfants (augmentation des maladies chroniques d’origine nutritionnelle, comme l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires ou encore les cancers, d’après un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé).
La surconsommation de viande et de produits laitiers dans les écoles a également un impact sur l’environnement. L’élevage représente plus de 14 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, d’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). La fermentation entérique des animaux produit du méthane et l’entretien des terres est l’une des causes des émissions de CO2 et de protoxyde d’azote. L’élevage contribue aussi à la déforestation car les terres boisées sont rasées pour en faire des zones de pâturage pour le bétail ou pour produire des cultures qui sont ensuite utilisées pour nourrir les animaux.
"

Dans le domaine de l'alimentation comme dans la plupart des domaines de notre vie quotidienne, il existe des comportements que l'on peut considérer

mercredi 6 décembre 2017

Maurice Allais

Essayant de me situer sur un axe droite/gauche à une époque où l'on peut être "ni de droite ni de gauche" ou "et de droite et de gauche", je m'étais déclaré radical évolutionnaire, écolo-humaniste, européen, social (i.e. aspirant à plus de justice) et libéral au sens politique (i.e. plaçant la liberté, et donc la responsabilité, comme principe politique fondamental) (ouf !), puis plus simplement écolo-centriste joyeux.

Je découvre ici que Maurice Allais se présentait comme théoricien à la fois libéral et socialiste : "les deux notions sont indissociables dans mon esprit, car leur opposition m’apparaît fausse, artificielle. L’idéal socialiste consiste à s’intéresser à l’équité de la redistribution des richesses, tandis que les libéraux véritables se préoccupent de l’efficacité de la production de cette même richesse. Ils constituent à mes yeux deux aspects complémentaires d’une même doctrine."

Intéressant.

lundi 23 octobre 2017

nous approchons des limites de la croissance

Un article de 2014 compare les perspectives du rapport du Club de Rome de 1972 (The Limits To Growth, Halte à la croissance ?) avec les données historiques. La conclusion est que les données historiques confirment le scénario "business-as-usual" du Club de Rome, et l'article s'intitule "is global collapse imminent?"

On peut trouver d'autres comparaisons :
2002 :

2014 :

A nous de décider si on veut que les courbes des années à venir suivent les prévisions pessimistes de 1972.

dimanche 22 octobre 2017

empreinte eau, alimentation et importations

De la même manière que les différents modes de vie ont des impacts carbone différents et que l'analyse des empreintes carbone permet de faire des choix pour minimiser notre impact carbone, il peut être intéressant de parler d'empreinte eau.
L'empreinte eau est le volume d'eau virtuelle utilisée pour produire un produit ou un service. On distingue habituellement 3 catégories :
A titre d'exemple, un français utilise quotidiennement 4150 litres d'eau : 150 litres de consommation d'eau réelle, et 4000 litres d'eau virtuelle, celle qui a été utilisée pour produire son alimentation (3000 litres) et ses autres achats (1000 litres ) :
Voici ici ou quelques exemples des besoins en eau pour la production de biens.

On constate que l'alimentation représente la plus grosse partie de notre empreinte en eau : on peut donc choisir d'adapter son alimentation pour réduire son empreinte eau (à l'image de ce que l'on peut faire pour réduire son empreinte carbone) :
On retrouve des pistes comme réduire nos surconsommations en glucides et protéines, rééquilibrer le rapport entre protéines animales et protéines végétales, réduire sa consommation de viande. Ce mouvement est déjà en cours, probablement initié par le coût de la viande :

Pour la consommation d'eau comme pour les émissions de carbone, les empreintes sont très différentes d'une zone géographique à l'autre, et les exportations jouent un rôle non négligeable :


lundi 19 juin 2017

fiscalité et long terme

L'Etat a tout intérêt à encourager l'épargne et l'investissement sur le long terme.
J'ai déjà repris plus tôt l'idée des Investissements à Très Long Terme (ITLT).
Afin de stabiliser l'épargne longue, Augustin de Romanet propose d'introduire dans notre droit fiscal la notion de safe harbour pour un certain volume d’épargne contractuelle de long terme, avec un engagement ferme de l'Etat de ne pas modifier le régime fiscal et social des fruits de cette épargne pendant la durée du contrat. Les mécanismes fiscaux facilitant la stabilisation de l'épargne longue sont justifiés: ils viennent récompenser la patience des investisseurs, et encourager les actionnaires patrimoniaux plutôt que les actionnaires spéculatifs.

Certains groupent cotés en Bourse versent d'ailleurs de primes de fidélité ou attribuent de actions gratuites à leurs actionnaires privilégiant les placements à long terme.

PIB : série longue et projection

Angus Maddison cite dans son étude L'économie mondiale : une perspective millénaire  (OCDE, Etudes du centre de développement, 2011) les chiffres suivants :
entre l'an 0 et l'an 1000, le PIB mondial est resté pratiquement stable, autour de 110 milliards de dollars (valeur 1990). entre l'an 1000 et 1820, la croissance du PIB est de l'ordre de 0.22% par an. Entre 1820 et 1998, la croissance économique est de 2.2% par an en moyenne, avec un pic à 5% par an en France pendant les 30 glorieuses.

Ce que l'on retrouve dans cette brève histoire de la croissance.
Pour répondre à la question "quels facteurs de long terme sont générateurs d’une croissance du PIB ?", Damian-Skott ne retient que l'augmentation de la population et les gains de productivité.
Pour ma part je suis convaincu depuis longtemps que la croissance du PIB de ces dernières décennies est liée essentiellement à l'exploitation bon marché des énergies fossiles, ce que j'avais concrétisé en dissociant le PIB en une composante énergétique et une composante humaine.

Nicolas Meilhan se demande "qui du PIB ou du pétrole est apparu en premier ? ", et son raisonnement se prolonge : le pétrole est notre principale source de croissance, il reste beaucoup de pétrole disponible, 
mais notre propension à le payer est limitée à 120$,
donc on laissera sous nos pieds le pétrole à plus de 120$/baril en coût d'extraction, et la croissance diminuera.

le long terme

Je retrouve chez Augustin de Romanet le besoin de retrouver une vision de long terme, que je défends depuis longtemps.
Il pointe les dérives d'une société happée par la vitesse : politique avançant par à-coups médiatiques, finance avide de rentabilité immédiate, consommation frénétique érigeant en idole de biens brûlés le lendemain, emplois précaires, couples soumis aux rythmes changeants de désirs pressant et impérieux. La réaction publique se réduit trop souvent à une réaction publique.
Cette agitation permanente et frénétique du monde ne s'accompagne ni d'un désir ni d'une capacité à anticiper et à donner du sens à ce mouvement.
Jean-Louis Servan-Schreiber décrit ce phénomène avec une métaphore éloquente : "Nous sommes dans un bolide dont la portée des phares diminue en proportion de son accélération".
[...] dans notre rapport au temps, Augustin de Romanet voit la concurrence entre trois manières d'envisager l'avenir :
Pour les traditionalistes, qui se réclament d'une idéologie "passéiste", le futur n'existe n’existe qu'en tant que retour vers un passé idéalisé.
Pour les libéraux, partisans d'une idéologie "présentéiste", le futur est pensé comme un prolongement et un accroissement du présent.
Pour les révolutionnaires, qui développent une idéologie "futuriste", l'avenir ne peut être qu'un renversement radical du passé et du présent.

Entre ces trois approches, je souhaiterai voir émerger une approche équilibrée et responsable, dans laquelle des femmes et des hommes instruits de leur Histoire, de sa part d'ombre et de lumière, en paix avec leur présent et conscients des enjeux, pourront s'engager dans la construction d'un avenir durable, vers un société du "mieux" (et non du "plus").

crise

Certains s'en font leur fond de commerce, mais comme l'écrit Augustin de Romanet, une crise est avant tout un moment de choix, comme le rappelle l'étymologie : krino, en grec, signifie "juger".
La crise est un moment trop rare où il devient non seulement possible mais souhaitable de penser le monde différemment. L’imagination st réhabilitée. Loin d'être l'apanage des utopistes,elle apparaît comme une nécessité. [...] Nous voilà au cœur de la tourmente, obligés de réinventer en profondeur un système devenu source de graves déséquilibres.

Non aux 30 douloureuses

Lecture :

Augustin de Romanet retient ces 3 points de passage obligés :
* l'impact de la mondialisation qui s’inscrit comme une donné durable,
* une gouvernance européenne à construire, s'agissant en particulier de la politique monétaire,
* un poids de l'Etat et une situation de crise de la dette publique qui exigent une réduction de la dépense publique.
Michel Rocard en ajoute un quatrième : le pic pétrolier approchant, qui sonnera le glas de notre modèle de prospérité.

Ce livre passionnant déroule un programme dans lequel je me retrouve en grande partie :
* retrouver une vision de long terme, en privilégiant un Etat stratège qui ne se perd plus dans la gestion, (cela me parait indispensable pour aborder les enjeux énergétiques et climatiques, trop peu abordés dans ce livre),
* responsabiliser les dirigeants et rénover les institutions : renforcer l'équilibre des pouvoirs en faveur du Parlement, développer les contre-pouvoirs, renouveler et diversifier la "classe politique",
* gérer efficacement les ressources humaines de l'Etat et moderniser la gestion publique,
* remettre la finance au service de l'économie et du long terme, en reprenant le contrôle de la monnaie, en définanciarisant l'économie, en se désintoxiquant de la dette
* apprivoiser la mondialisation, en construisant une Europe politique, sociale et écologique, pour repartir à la rencontre du monde.

les bonnes idées des autres

En voilà quelques-unes :
Vers un monde soutenable et résilient, adapté aux défis du XXIe siècle
Une transition écologique transverse vers une société soutenable et résiliente
Une réforme fiscale pour plus d’équité et de progressivité
...

Il y a tant de bonnes idées et on les entend si peu dans notre vie politique...

mardi 2 mai 2017

lettre ouverte à Emmanuel Macron

Un fois n'est pas coutume, j'interagis avec l'actualité politique de mon pays.

Comme d'autres (pour "prouver facilement que vous n’êtes pas l’homme de la financiarisation", ou pour un Grenelle de la démocratie), j'adresse ici une lettre ouverte au candidat qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle française du 7 mai 2017 :

🔻

Bonjour Emmanuel,

J'ai peu de temps pour vous écrire, et c'est pourtant de la plus haute importance.
Vous trouverez ici le programme pour lequel j'aurai rêvé pouvoir voter.

Au delà de ce qui nous sépare, je me permet de vous suggérer de :
* conserver votre inclinaison européenne,  l'amplifier vers plus d'intégration politique, voire un fédéralisme responsable, ce qui passe par une refondation de l'Union Européenne.
* introduire dans vos propositions une plus grande attention à l'écologie : il est essentiel de penser le long terme, de peser pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et de préparer dès maintenant un monde dans lequel les énergies fossiles seront rares. L'horizon n'est pas dégagé, et c'est pourquoi il faut s’engager dans la conversion écologique de notre société, et travailler à un monde solidaire et fraternel.
* rénover les institutions de la 5ème République : l'introduction du scrutin universel direct par jugement majoritaire nous fera sortir du règne des partis tout en évitant les dérives populistes de la proportionnelle intégrale. Votre exemplarité en terme de promesse et de résultats doit être la première brique de la réconciliation des citoyens avec leurs élus.
* prouver votre liberté vis-à-vis du monde de la finance (les gens autour de moi semblent en douter).

Enfin, j'ai lu et entendu que vous vous réclamiez de l'héritage de Paul Ricoeur : n'hésitez pas à pousser vos références jusqu'au personnalisme d'Emmanuel Mounier, et à défendre une société qui favorise l’épanouissement de toute personne, où chacun trouve un sens, où chacun trouve une place. Cela inclut du fédéralisme européen, de l'attention aux plus faibles et de la solidarité, de l'écologie politique inspirée de Jacques Ellul, et également une liberté face au libéralisme intégral, matérialiste, individualiste, niant la personne humaine.

Merci de m'avoir lu,
Alphée.

mardi 18 avril 2017

sur les axes des programmes présidentiels 2017

De manière subjective, j'ai tenté de me positionner sur les 8 axes sur lesquels un quotidien français a réparti les 11 candidats à l'élection présidentielle française:
Résultat : mon positionnement assez central fait ressortir 3 grandes orientations :
* intégration européenne,
* plus d'écologie,
* rénovations des institutions.

le choix commun

Pédagogique, une introduction au jugement majoritaire en BD : ici.

mercredi 8 mars 2017

mes priorités

Dans les programmes de gouvernement des candidats, je cherche des réponses à mes priorités :

  • l'Homme au centre : évaluer toute décision aux impacts qu'elle aura sur les hommes, actuels et à venir, sur sa capacité à faire grandir la justice et l'équité.
  • l'Homme au sein de l'Humanité : favoriser la fraternité entre les hommes, de nos concitoyens au reste de l'humanité, et la paix à toutes les échelles. Cela passe notamment par le projet européen.
  • l'avenir --> l'écologie : penser le long terme oblige à des choix courageux préservant l'habitabilité de la Terre (donc à éviter l'emballement de l'effet de serre) et préparant la vie sans combustibles fossiles.
  • l'avenir --> l'éducation : donner à chaque génération les moyens d'être meilleurs que la précédente, c'est-à-dire plus humains et mieux armés pour exercer leur liberté.

Je ne retrouve cette équation que dans un programme :
celui de Charlotte Marchandise-Franquet.

gauche ou droite ? conservative or radical ?

A l'opposition gauche/droite, certains préfèrent l'opposition réformateur/conservateur.

A "conservateur", Wiktionnaire oppose "progressiste : dans le sens de celui qui a tendance à envisager ou promouvoir le changement, sur le plan des idées, de la morale ou en politique".

D'autres ont des listes plus variées : évolutionniste, contestataire, démolisseur, déprédateur, extrémiste, novateur, progressiste, réformateur, réformiste, progressiste, réformateur, réformiste, révolutionnaire...

Plus tôt, je m'étais décrit comme un radical évolutionnaire, humaniste, européen et écologiste, social (i.e. aspirant à plus de justice) et libéral au sens politique (i.e. plaçant la liberté, et donc la responsabilité, comme principe politique fondamental). Plus tard, j'avais simplifié en écolo-centriste joyeux.

Mais je laisse le dernier mot à Benjamin Disraeli : " I am a conservative to preserve all is good, and a radical to remove all that is bad ".

mardi 10 janvier 2017

répartition des rôles entre experts et citoyens

Benoît de Haas propose sur Démocratie Ouverte de positionner le citoyen non pas comme faiseur d'opinion ou comme expert, mais bien comme décideur, en lui donnant les éléments lui permettant de décider :

Au niveau législatif national, une Chambre des Citoyens tirée au sort devra effectivement être informés par ceux qui ont la connaissance et l'expertise du sujet : appelons-les des experts (expertise acquise par les études et/ou l'expérience du terrain). C'est bien les citoyens qui doivent avoir le pouvoir décisionnaire, dans le cas du pouvoir législatif, le pouvoir de rédiger et voter les lois. Ce pouvoir décisionnaire peut  être exercée directement ou par délégation, selon les principes de la "démocratie liquéfiable" (sic !).

Après décision par les citoyens, je pense que les mieux placés pour mettre en oeuvre la décision des citoyens (au niveau national, cela consiste à exercer le pouvoir exécutif, c'est-à-dire gérer la politique courante de l'État et de contrôler l'application de la loi élaborée par le pouvoir législatif) sont des experts de leur domaine.

Il s'agit bien des séparer les rôles des citoyens et des experts.

Voter

En octobre 1885, Elisée Reclus écrivait Le Revolté :
« Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir. Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement. »

Le début me plait bien, la fin bien moins.

Si je reprends ces arguments :

* "Voter, c’est abdiquer, [...] renoncer à sa propre souveraineté" : ma réponse à cela s'appelle la démocratie liquide, ou plus précisément la démocratie liquéfiable (sic !).

* "le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur" : je n'espère pas un monarque ; il est indispensable de sortir rapidement de cette névrose nationale autour des élection présidentielles.

* "Vous nommez des hommes qui se chargent de rédiger les lois et leur mission est de vous faire obéir" : la stricte séparation des pouvoirs est la première pierre : rédiger les lois doit être la prérogative du seul Parlement (ce Parlement doit être maître de son ordre du jour, et le Gouvernement, président ou pouvoir exécutif ne doit pas être le seul à proposer des thèmes à légiférer), et faire obéir aux lois ("contrôler l'application de la loi élaborée par le pouvoir législatif").

* "Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront [...] la vertu de tout savoir et de tout comprendre" : je pense que le gouvernement doit être composé des meilleurs experts dans leur domaine, et que les citoyens tirés au sort pour participer à la Chambre des Citoyens reçoivent une formation sur les questions budgétaires et juridiques.


* "Le pouvoir a toujours affolé" : Perte du sens des réalités, intolérance à la contradiction, actions à l’emporte-pièce, obsession de sa propre image et abus de pouvoir, arrogance, narcissisme, mépris, prétention, manipulation, sentiment de toute puissance et d'invulnérabilitéc'est ce qui caractérise le syndrome d'hubris. Pour Sylvain Bosselet, la soif du pouvoir est plus forte que les idées. Ce ne serait pas tant  une question de vérité, abstraite, que d’action, concrète : avoir raison permet d’imposer son choix d’action. Le pouvoir égotiste est une forme primaire, enfantine, de la soif de liberté.

* "Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement" : Anti-parlementarisme anarchiste. Peut-être que des assemblées d'hommes politiques professionnels concentrés sur leur ré-élection génèrent des parlotes médiocres. Croyant en l'intelligence humaine, je suis convaincu que le non-cumul dans le temps des mandats et l'instauration d'une Chambre des Citoyens tirée au sort donneraient des assemblées législatives aux discussions riches et efficaces.

On peut voter blanc si aucune des propositions ne nous convient, mais ne pas voter c'est refuser son devoir de citoyen, c'est décider de subir le pouvoir des autres. De quoi donner envie d'écrire des argumentaires contre l'abstention. Et si le système électoral actuel ne nous convient pas, nous ferions mieux de voter pour des propositions alternatives (ou représenter nous-mêmes ces propositions dans les élections) plutôt que de nous abstenir.


revenu citoyen universel

Ce que j'appelle allocation universelle ou dotation inconditionnelle d'autonomie, Nicolas Bernabeu l'appelle revenu citoyen universel, et je reprends son schéma :