jeudi 5 février 2015

transition énergétique : le financement

Un grand intérêt de l'ouvrage cité précédemment est qu'il chiffre l'effort financier nécessaire à la transition énergétique, et la faisabilité de la financer.

En 2013, la synthèse des travaux du débat national sur la transition énergétique de la France estimait le besoin d’investissement cumulé  d’ici à 2050 à environ 2000 milliards d’euros (incluant les investissements dits « fatals », qui seraient réalisés de toute façon), quels que soient les choix techniques. Les 4 scénarii envisagés montraient une nette réduction du déficit énergétique extérieur, et ce dès 2020, avec une réduction cumulée d’ici à 2050 allant jusqu’à 3000 milliards  d’euros. Tous ces scénarii remboursaient les investissements par la réduction du déficit énergétique extérieur, avec un gain net cumulé d’ici à 2050 de l’ordre de 1000 milliards d’euros en cas de prix du pétrole haut, et de l’ordre de 300 milliards d’euros en cas de prix du pétrole bas.

A l'échelle française, Philippe Murer chiffre son plan à 1573 milliards d'euros d'investissements sur 20 ans, soit 80 milliards d'euros par an (pour comparaison, la facture énergétique de la France a atteint 79 milliards d'euros en 2012). Le même auteur estime à 182 milliards d'euros 2010 l'investissement des années 50 pour le développement du nucléaire français, auxquels s'ajoutent 12 milliards d'euros par an de coût de fonctionnement des centrales.
Pour garder un ordre de grandeur, lors des plans de sauvetage des banques de fin 2008, France, Allemagne et Grande-Bretagne ont garanti les opérations des banques pour un montant supérieur à 1000 milliards d'euros, et re-capitalisé les banques pour plus de 180 milliards d'euros.


Afin de réaliser ce programme, Philippe Murer considère que le financement ne peut être que public, avis que je partage au vu des montants engagés et de l'horizon d'investissement. Les projets solaires, éoliens, d'isolation, de production de biogaz ou développement de la filière hydrogène, seraient financés avec de l'argent créé par la Banque Centrale à un taux d'intérêt de 1.5%. Je suis convaincu que nous devons reprendre le contrôle de notre création monétaire et l'orienter vers des projets stratégiques décidés démocratiquement, et pas uniquement celui de contenir l'inflation. Cela pourrait faire l'objet d'un vrai Plan  européen  Énergie Climat  Pouvoir  d’achat.

Philippe Murer considère que son plan n'est viable qu'à la condition de re-nationaliser EDF, afin de gérer le risque que constituent les installations nucléaires et d'éviter qu'un groupe privé ne se constitue une situation de rente de revente d'énergie. La gestion du risque est effectivement un sujet à part entière mais s'applique plus aux centrales nucléaires existantes qu'aux futures installations. Pour la mise en œuvre de nouvelles infrastructures de production électriques, solaire et éoliennes, de production de biogaz ou d'hydrogène, des groupes privés me paraissent légitimes pour le financement préférentiel dans le cadre du plan de transition.

Enfin, pour éviter que les 1600 milliards d'euros injectés pour le plan de transition ne créé des emplois qu'à l'étranger, Philippe Murer propose l'instauration de tarifs douaniers d'environ 20%. C'est effectivement une mesure que l'on pourrait ajouter à mes propositions.

Par contre l'auteur propose de désobéir aux règles (voire de sortir) de l'Union Européenne pour mettre en œuvre son plan de transition, ce qui ne me parait pas souhaitable : j'y reviendrai.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire