mardi 13 avril 2021

conditions propices aux migrations climatiques

Un sujet que je n'ai pas encore abordé, que j'illustre avec quelques slides intéressants tirés de l'introduction d'une conférence de Gaël Giraud.

Le corps humain a ses limites. Passer plus de 6 heures dans des conditions de températures situées à droite de la courbe rouge de ce graphique provoque la mort.



D'après les graphiques ci-dessous, environ 15% des terres émergées et 30% de la population mondiale sont déjà soumises à ces conditions mortelles de température et d'humidité plus de 20 jours par an (on n'y survit que grâce aux systèmes de climatisation). Dans le scenario RCP8.5 du GIEC, si la population humaine reste répartie comme elle l'est actuellement, c'est environ 60% de la population mondiale qui sera soumise à ces conditions mortelles de température et d'humidité plus de 20 jours par an en 2050, et environ 75% en 2100.

Voilà les zones qui risquent de devenir invivables à cause de la combinaison température et humidité :


En plus de cet effet température/humidité, le réchauffement climatique va également augmenter le stress hydrique et les risques de sécheresse :


et le nombre des évènements climatiques extrêmes devrait continuer de croître :


Cet article publié sur le site PNAS (dont je ne fais que résumer les grandes lignes ci-dessous et que je vous encourage à lire, traduction en français ici) conclut que la niche environnementale de l’humanité aura davantage bougé d'ici 50 ans qu’en 6000 ans.

Depuis 6000 ans, la population humaine est restée concentrée dans une zone de température/précipitation relativement stable :


La population humaine a historiquement habité dans des conditions de température annuelle moyenne relativement stable, avec un mode principal autour de 11°C à 15°C accompagné d’un mode secondaire plus restreint autour de 20°C à 25°C. Dans l'hypothèse d'absence de migration, selon les projections démographiques dans le scenario RCP8.5, le mode principale sera vers 29°C et le mode secondaire vers 19°C.

En 2070, 3,5 milliards de personnes seront exposées aux TMA ≥29°C, une situation que l’on ne retrouve dans le climat actuel que sur 0,8 % de la surface terrestre mondiale, principalement concentrée dans le Sahara, mais qui devrait couvrir 19 % des terres en 2070.

Sur cette carte des températures moyennes annuelles actuelles, les conditions de températures des petites zones sombres visible au Sahara (TMA≥29°C) devraient se retrouver dans toute la zone ombragée de la carte, couvrant une grande partie du Brésil, de l'Afrique, de la péninsule arabique, de l'Inde, etc.

En l’absence de migration, cette zone abriterait 3,5 milliards de personnes en 2070 selon le scénario de développement démographique SSP3.

La projection du déplacement géographique de la niche de température humaine selon le climat projeté pour 2070 par le scenario RCP8.5 est éloquente :


Voici un ordre de grandeur intéressant : en l’absence de migration, chaque degré d’augmentation de la température au-dessus de la base actuelle correspond approximativement à un milliard d’êtres humains laissés en dehors de la niche de température qui a été celle de l'humanité depuis 6000 ans.

Ces résultats suggèrent une forte tension entre la répartition future de la population prévue et les emplacements futurs des conditions climatiques qui ont bien servi l’humanité au cours des derniers millénaires, même si les projections de l’ampleur des futures migrations liées au climat restent très incertaines.

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