mardi 18 décembre 2018

Greta Thunberg, 15 ans, Suède

"
Je m'appelle Greta Thunberg, j'ai 15 ans et je viens de Suède. 
Je parle au nom de la justice climatique. [...]
Vous parlez de cette éternelle croissance économique verte, parce que vous avez peur d'être impopulaires. 
Vous voulez aller de l'avant avec les mêmes mauvaises idées qui nous ont mis dans ce pétrin. Pourtant la seule chose sensée à faire est de tirer le frein d'urgence.

Vous n'êtes pas assez matures pour dire les choses telles qu'elles sont. Même ce fardeau, vous le laissez aux enfants. 
Moi, je me fiche d'être populaire, je me soucie seulement de la justice climatique et de laisser une planète vivante.

Notre civilisation est sacrifiée pour permettre à un très petit nombre de personnes de continuer à gagner énormément d'argent.
Notre biosphère est sacrifiée pour que les riches des pays comme le mien puissent vivre dans le luxe. Les souffrances des uns paient pour le luxe d'un petit nombre.

En 2078, je fêterai mes 75 ans. Si j'ai des enfants, ils passeront peut-être cette journée avec moi. Ils me parleront peut-être de vous... Ils me demanderont pourquoi vous n'avez rien fait pendant qu'il était encore temps d'agir. 
Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout et pourtant vous volez leur avenir sous leurs yeux.

Tant que vous ne vous concentrez pas sur ce qui doit être fait plutôt que sur ce qui est politiquement possible de faire, il n'y a aucun espoir.

Nous ne pouvons pas résoudre une crise sans la traiter en tant que telle. Nous devons garder les énergies fossiles dans le sol. Nous devons nous concentrer sur l'équité. Et s'il est impossibles de trouver des solutions au sein de ce système, alors nous devons changer le système.

Nous ne sommes pas venus ici pour supplier nos dirigeants de se soucier de nous. Vous nous avez ignorés hier, vous nous ignorerez demain. Vous n'avez plus d'excuses et nous, nous n'avons plus de temps. Nous sommes venus ici pour vous dire que le changement s'en vient, que vous le vouliez ou non. Le vrai pouvoir appartient au peuple.
"

dimanche 16 décembre 2018

démographie et écologie


Si j'ai déjà pas mal réfléchi aux moyens à mobiliser pour réaliser notre transition énergétique, j'ai encore peu exploré la question de la démographie.


Et pourtant l'équation de Kaya nous dit depuis longtemps que la population est un des termes à regarder :
Je proposais plus tôt de nous concentrer au plus vite sur la diminution de l'intensité énergétique de l'économie et du contenu en CO2 de l'énergie (décarboner l'économie) et je milite également pour agir sur la production (taxer la consommation ; encourager la durabilité, la réparabilité, la recyclabilité des produits fabriqués).

Il faut également parler population. Même l'AFP nous en parle comme un "moyen" efficace pour réduire son empreinte carbone :

Premier élément important : autant je demande sans états d'âme que les Etats légifèrent sur les inégalités de revenus et patrimoines et se fixent un coefficient de Gini cible, autant je n'aimerais pas vivre dans un pays qui légifère et adopte des lois contraignantes pour atteindre un taux de natalité cible. Cela me parait être une intrusion dans le domaine privé et intime, comme le serait des législations contraignantes sur le choix du conjoint, les convictions religieuses, politiques ou philosophiques.

Mes propositions inciteraient-elles les couples à avoir moins d'enfants? Pour un pays dit développé comme la France, je ne le crois pas. La suppression du quotient familial et des allocations familiales dans le cadre de l'instauration d'une Allocation universelle n'aurait pas le même impact psychologique si l'on reste avec l'actuel impôt sur le revenu ou si l'on instaure la Taxe à l'Actif Net.
Personnellement je ne crois pas qu'un couple puisse avoir des enfants par seul intérêt économique.

Comme l'écrit Jean-Marc Jancovici, il est établi que pour cesser d’enrichir l’atmosphère en gaz carbonique il faut diviser les émissions mondiales de 2010 par 3 au moins.
"Peut-on diviser la population mondiale par 3 ? Le décider de manière planifiée et rapide (40 ans c’est court) portant le nom désagréable de massacre ou de génocide, il est peu probable que cela constitue une option considérée de manière sérieuse. Et compter sur une épidémie (qui devrait aussi diviser par 3 la population des pays riches, gros émetteurs) pour faire le travail à notre place peut difficilement être souhaité !"


Première objection à l'équation de Kaya :
les différents termes de l'équation ne sont pas indépendants les uns des autres : quand le niveau de vie d'un pays augmente, le volume de production augmente mais le taux de natalité diminue. Au total on constate que les émissions de gaz à effet de serre augmentent également, puisque jusqu'à présent nous considérons qu'un pays se développe quand son PIB augmente, ce qui sur le modèle des pays occidentaux se fait par une augmentation de sa consommation d'énergie et donc ses émissions (voir ici la forte corrélation entre PIB et énergie). Peut-être que dans le développement économique au sens classique, baisse du taux de natalité et augmentation du PIB sont liés. Comme l'écrit Fabrice Hadjadj : "Le développement du consumérisme et la diminution de nombre d'enfants par famille sont étroitement corrélés".
C'est ce que semble montrer un graphique comme celui-ci, pour la France entre 1800 et 2013 :
Tendance générale que l'on retrouve à différentes vitesses et avec quelques soubresauts pour beaucoup de pays à différents stades de développement :
(ici en version animée et mondiale)
Malheureusement les faits montrent aussi que le développement économique au sens classique s'accompagne aussi d'une hausse des émissions de gaz à effet de serre. C'est pour l'instant le seul modèle que nous ayons.


Deuxième objection :
Le temps nécessaire à la décroissance de la population est forcément long, au moins de l'ordre d'une génération, puisque nous ne souhaitons pas de catastrophes à l'humanité. Cela nous laisse à mon avis comme seule option court-terme de travailler de toutes nos forces à la décroissance de notre empreinte écologique, et de le faire sur un temps inférieur à celui d'une génération.

Pour mettre d'accord ceux qui disent qu'on consomme trop et ceux qui disent qu'on est trop nombreux, Cyril Meynierr propose astucieusement ce type de graphique, présentant empreinte écologique par habitant vs. nombre d'habitants par hectares de biocapacité.

J'ai trouvé une très bonne analyse de ce type de graphique et de leurs implications sur le site démographie responsable. Je vous invite fortement à la lire.
USA, France, Nigeria, Bangladesh, Burundi et Haïti, utilisent chacun à peu près 2 fois leur biocapacité, mais avec des situations très différentes.
Les 2 flèches vertes représentent 2 solutions extrêmes de retour à l'équilibre pour la France, l'une par réduction de l'empreinte individuelle uniquement, l'autre par réduction de la population uniquement (population et non densité, car la biocapacité d'un territoire évolue peu dans le temps). Evidemment, toute solution intermédiaire comprise dans la surface verte, et incluant à la fois la baisse de l’empreinte et la baisse de la population est envisageable et sans doute préférable. Les flèches rouges sont d'autre scénarii possibles, mais laisser une des grandeurs partir à la hausse demande nécessairement plus d'efforts sur l'autre.
La conclusion de l'analyse développe les notions de populations soutenable et optimale, avec cette conclusion chiffrée :

L'empreinte écologique de l'humanité doit re-devenir inférieure à la biocapacité de notre planète. Si les pays sont la bonne échelle pour envisager des mesures législatives et accompagnement gouvernemental de cette trajectoire vers l'équilibre, l'équilibre empreinte=biocapacité est peut-être à rechercher sur des territoires beaucoup moins grands que les pays actuels, de la taille d'un bassin de consommation locale ou d'utilisation d'une monnaie locale complémentaire, un territoire rassemblant environ 25000 habitants par exemple.

Enfin, méfions-nous que les pays dit "les moins avancés" (sur l'échelle faussée de la richesse mesurée par le PIB) n'adoptent pas en même temps nos forts taux d'émissions de gaz à effet de serre et nos faibles taux taux de fécondité.

Je partage cette opinion :

Pour avancer sur le terrain de la transition écologique, il faut aussi combattre les inégalités sociales et les idéologies natalistes, et poursuivre l’émancipation des femmes.

Mais pour l'instant mon avis reste celui-ci :

Il n'y a pas forcément trop d'habitants sur cette planète, mais trop d'hyperconsommateurs automobilistes égoïstes.

Si l'on revient à la fameuse équation de Kaya et qu'on regarde comment ont évolué ses différents termes dans le passé et quelle projection on pourrait avoir, cela donne ça :

(extrait de la présentation sur la Contribution Climat Energie, par Alain Grandjean pour la Fondation Nicolas Hulot).

Je reste persuadé qu'une partie de la solution au problème du réchauffement climatique passe par le fait d'arrêter de se fixer comme objectif la croissance du PIB, ou celle du PIB par habitant.

Je laisse le mot de la fin à Fabrice Hadjadj : "la Terre n'est belle que par la vie qui s'y déploie, et cette vie se manifeste encore plus dans l'animal rationnel et souvent déraisonnable qu'on appelle homme, seul à pouvoir célébrer la beauté du monde, comprendre sa biodiversité et la protéger".
Personnellement, c'est la présence de mes enfants qui m'ont lancé dans mes réflexions sur l'avenir à long terme de l'humanité.

mardi 11 décembre 2018

taxe carbone : sur le fioul, les transports aérien et maritime


En 2014, dans un contexte où la France se fixe des objectifs ambitieux de réduction des émissions de GES, une composante carbone de 7€/tonne de CO2 a été introduite, sans augmentation des taux, au sein de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), ainsi qu’au sein de la Taxe intérieure de consommation sur le gaz naturel (TICGN) et la Taxe intérieure de consommation sur le charbon (TICC). Elle concerne les particuliers comme les professionnels.

Le niveau de la composante carbone a ensuite été relevé à 14,50€/tonne de CO2 en 2015, à 22€/tonne de CO2 en 2016 et 30,5€/tonne de CO2 en 2017.

L’article premier de la loi sur la transition énergétique pour une croissance verte trace une trajectoire croissante de la composante carbone jusqu’en 2030 : « le Gouvernement se fixe pour objectif, pour la composante carbone intégrée aux tarifs des taxes intérieures sur la consommation des produits énergétiques […] d’atteindre une valeur de la tonne carbone de 30.50€ en 2017, 39€ en 2018, 47.50€ en 2019, 56€ en 2020 et 100€ en 2030.

La progression devait donc être la suivante :
ce qui donnait cette progression des taxes sur les carburants:


Quand on calcule la taxe carbone des différents carburants pour un taux de 44.6€ la tonne de CO2, on constate que les fiouls domestique et lourd sont à peu de chose près déjà taxés au taux de la taxe carbone (environ 0.15€/L), quand le carburants automobiles des particuliers (essence et gasoil) ont un niveau de taxe d'environ 0.65€/L, très supérieur à leur taxe carbone (environ 0.13/L).

Selon moi c'est la faible niveau de taxe des fiouls domestique et lourd qui est une anomalie, ainsi que l'exemption de divers secteurs (transport aérien, usages maritimes et agricoles).
C'est pourquoi je proposais de fixer une taxe carbone à 150€ la tonne équivalent carbone, remplaçant les différentes taxes des carburants automobiles des particuliers (essence et gasoil) sans en changer pour l'instant le prix à la pompe. Les autres carburants (notamment fiouls domestique et lourd) verront un rattrapage de leur niveau de taxe pour converger vers la taxe carbone. Les secteurs jusque-là exemptés seront également progressivement taxés. Enfin viendra le mécanisme d'augmentation de la taxe carbone (à géométrie variable), qui fixera le cadre pour les années à venir.

Il est important que les recettes de cette taxe carbone permettent aux particuliers et aux entreprises de s'adapter à cette nouvelle donne :
- en passant à du chauffage au bois par exemple (29.5 gCO2eq/kWh CAV contre les 324 gCO2eq/kWh CAV du fioul domestique),
- en isolant les bâtiments,
- en changeant de moyen de transport pour passer au gaz qu'au diesel (243 gCO2eq/kWh CAV contre 323 gCO2eq/kWh CAV), et de préférence en moyens de préférence collectifs.

Les différents combustibles connus ont des contenus CO2 très différents : à nous d'avantager les moins dommageables à l'avenir de l'Homme sur Terre :

samedi 1 décembre 2018

plastique et pétrole

Une petite folie...
La production mondiale de matières plastiques a atteint un niveau record de 320 millions de tonnes en 2015 et a été multipliée par 20 en 50 ans :

La production de plastique consomme environ 8% de la production mondiale de pétrole.

Et que devient tout se plastique? Il est principalement destiné à usage unique : des produits ou emballages que l'on jettera à leur première utilisation. Et ce plastique n'est actuellement recyclé qu'à 30% pour l'Europe.

Dans quelques dizaines d'années, on sera stupéfait de (re)découvrir qu'on aura gâché autant de pétrole pour un usage si futile. Le pétrole est un liquide précieux, formé en plusieurs millions d'années. Sa densité énergétique et sa simplicité de transport, stockage et utilisation, le rend tout simplement unique.

Ce n'est qu'en 2018 que l’Union Européenne propose d'interdire certains produits en plastique à usage unique. On aurait aussi pu choisir dès l'invention du plastique que les objets fabriqués à partir de ce matériau seraient précieux et d'un usage durable.

lundi 19 novembre 2018

prix des carburants

Comme chacun le sait, le prix des carburants en France augmente depuis quelques décennies :
Cette augmentation est de l'ordre de 5% par an entre 1991 et 2016.

Comme chacun le sait, le prix du carburant en France est principalement constitué par les taxes :

Ou encore avec quelques années de recul et une projection à 2022 :

J'imaginais une taxe carbone à géométrie variable, visant à obtenir un taux d'augmentation fixe du prix du baril de pétrole taxé, ce qui offrirait un cadre stable et rassurant pour permettre les investissements nécessaires aux réductions de nos émissions de gaz à effet de serre.
On pourrait aussi imaginer des taxes sur les carburants variable, visant à obtenir de prix à la pompe en croissance arithmétique, passant même en taxes négatives pendant les périodes de pic des cours :

Je ne sais pas dire s'il existe un risque que les pays producteurs s'alignent sur la pente visée, pour maximiser leurs profits.

Quelques points me paraissent essentiels :
1. que cette augmentation des taxes soit annoncée bien à l'avance et maintenue sur un temps suffisamment long, pour permettre aux entreprises et aux ménages de tenir compte de ce contexte.
2. que les revenus générés par ces taxes soient utilisés d'abord pour permettre aux ménages les plus modestes et aux ménages et entreprises les plus impactés de s'adapter à ces nouvelles règles du jeu tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles et les émissions de gaz à effet de serre, par exemple par des aides visant à éliminer gaz et fioul des dispositifs de chauffage, à rénover les logements anciens et améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments, à favoriser les transports en commun (bus, train, vélo, covoiturage local...).
3. que l'on trouve un moyen de taxer les émissions réalisées en France avec du carburant acheté à l'étranger, que que soit le moyen de transport transfrontalier concerné (avions, camions...).
4. que l'on mène une activité diplomatique intense pour promouvoir ce cadre fiscal dans le plus de pays possibles, une des pistes possibles étant une taxe compensant la différence d'engagement écologique (par exemple le contenu en CO2 du produit importé, multiplié par la différence du taux de la taxe carbone entre le produit producteur et l’Union Européenne).

tour solaire, tour flottante, et tour à vortex

J'ai récemment lu le livre "21 énergies renouvelables insolites pour le 21ème siècle":

et j'y ai trouvé une idée pour moi nouvelle :
Tout commence avec le concept de tour solaire : une centrale à énergie renouvelable, construite de manière à canaliser l'air chauffé par le soleil afin d'actionner des turbines pour produire de l'électricité.
Cela a l'inconvénient de nécessiter la construction d'une infrastructure lourde, donc un investissement important.
L'idée se prolonge le concept de tour flottante. Il s'agit de remplacer une partie de la tour rigide par une tour souple en tissu, ce qui réduirait les coûts et la rendrait plus résiliente en cas d'intempéries.
Suite possible : remplacer la séparation entre l'intérieur et l'extérieur de la cheminée par un courant d'air circulaire tourbillonnant. Cela revient à piloter la génération et le maintien d'une tornade, et à en exploiter l'énergie. On appelle cela un Atmospheric Vortex Engine.

Le livre contient de nombreux calculs, tant physique qu'économique, réjouissant pour le bricolo que je suis.J'ai hâte qu'un inventeur entrepreneur concrétise ces idées.

concentration et lobbying

J'écrivais plus haut sur la concentration des médias et le risque que cela peut représenter pour la démocratie.

De même, il me semble que la concentration économique présente le risque de les tenter de peser sur les choix politiques des pays où ils opèrent. On voit par exemple ici ou ci-dessous que quelques grands groupes (Mondelez, Coca-Cola, Nestlé, Pepsico, Kellog's, Mars, P&G, Johnson&Johnson, Unilever) possèdent la quasi-totalité des marques que l'on retrouve dans nos suermarchés, et dont la diversité nous donnent l'impression d'avoir le choix :

J'approuve le site convergence alimentaire sur les 5 points néfastes que présente cette situation :
1 – Ces compagnies sont si grosses qu’elles ont un pouvoir politique dangereux
2 – Impacts sur la santé
3 – Impacts sur l’économie
4 – Impacts sur l’environnement
5 – Impacts humains

Ces compagnies sont si grosse qu'elles peuvent consacrer d'énormes moyens à influencer le pouvoir législatif pour nous faire consommer toujours plus de produits agroalimentaires transformés, riches en sucre, en graisse, en protéines animales, en contenu carbone... et finalement néfastes pour notre santé, la société humaine, notre planète et celle de nos descendants.

lundi 29 octobre 2018

le meilleur des mondes


"et c'est là qu'est le secret du bonheur et de la vertu : aimer ce qu'on est obligé de faire. Tel est le but de tout conditionnement : faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper.
[...] La civilisation industrielle n'est possible que lorsqu'il n'y a pas de renoncement. La jouissance jusqu'aux limites extrêmes, que lui imposent l'hygiène et les lois économiques. [...] La civilisation n'a pas le moindre besoin de noblesse ou d'héroïsme.
[...]
Mais je n'en veux pas du confort. Je veux Dieu, je veux de la poésie, je veux du danger véritable, je veux de la liberté, je veux de la bonté. Je veux du péché."

Aldous Huxley, le meilleur des mondes 

mercredi 1 août 2018

jour du dépassement

Non, ce n'est pas un nouveau concept de développement personnel ou de coaching.


Le 1er août est "la date à laquelle nous aurons utilisé plus d'arbres, d'eau, de sols fertiles et de poissons que ce que la Terre peut nous fournir en un an pour nous alimenter, nous loger et nous déplacer et émis plus de carbone que les océans et les forêts peuvent absorber", explique Valérie Gramond de WWF, partenaire du Global Footprint Network.
"Il nous faudrait aujourd'hui l'équivalent de 1,7 Terre pour subvenir à nos besoins", souligne
WWF dans un communiqué.
Nous, terriens, allons vivre à crédit pendant 5 mois sur 12.


Nous vivons donc largement à crédit, et cette dette écologique est nettement plus préoccupante pour nos descendants que la dette financière.


Ce qui est frappant, c'est que cette date arrive de plus en plus tôt dans l'année ces 50 dernières années :
Sans surprise, cette date est également très différente entre les pays, du Qatar (9 février) au Viet-Nam (20 décembre).
Pour la France, c'était le 5 mai 2018. Nous, Français, vivons à crédit pendant 8 mois sur 12.


Le mode de calcul, compliqué, met à l'échelle d'une année la comparatif entre la biocapacité et l'empreinte écologique des différents territoires :


Au delà du constat, aide à la prise de conscience, il faut sans tarder mettre en place des solutions, comme le fait le WWF :
* Soutenir la baisse de la consommation de viande,
* Encourager l’agriculture biologique, le maintien des prairies permanentes et le stockage de carbone dans les sols agricoles (agroforesterie et non-labour),
* lutter contre la déforestation,
* encourager l'utilisation du vélo, en particulier pour les trajets urbains, courts et fréquents,
* réduire les émissions liés au transport en ville, en créant des Zones à Circulation Restreinte (ZAC) et en abaissant la vitesse maximale autorisée dans certaines zones,
* encourager le développement des énergies renouvelables, par exemple en faisant payer à son vrai prix les énergies fossiles et l'énergie nucléaire,
...

mardi 17 juillet 2018

Quelques ordres de grandeur du réchauffement planétaire

Emissions de CO2, concentration de CO2, température globale, date des vendanges...

Tout est  (merci Olivier Berruyer).

jeudi 12 juillet 2018

évolution de la distribution des revenus


On voit qu'en 1800 la distribution des revenus était homogène entre les différents continents. La révolution industrielle a creusé l'écart entre l'Europe et l'Amérique, et le reste du monde. Ces 30 dernières années, l'Asie (et la Chine notamment) comble son retard, et la moyenne asiatique franchit le seuil de pauvreté (ce qui était le premier des objectifs du millénaire pour le développement).

Je me réjouis que moins d'humains souffrent de la faim et la de la pauvreté, et en même temps je me désole que cela se fasse en diffusant à grande échelle le mode de vie occidental non durable (exploitation massive de ressources fossiles, émissions massives de gaz à effet de serre causant des changements climatiques rapides et irréversibles).

le progrès ?

La liberté d'être libre dans un monde absurde

Lecture rafraîchissante :

écrit par Tom Hodgkinson, connu également comme rédacteur en chef de The Idler.

Par quoi remplacer la vision du monde actuelle basée sur le travail et l’argent ? L'auteur propose un mélange de monde médiéval idéalisé, d'anarchisme, d'écologisme. Le tout avec une tournure très british et un esprit un peu punk. Joyeux manifeste de résistance au côté aliénant du monde moderne, je vous le conseille.

Pour vous donner une idée de l'ouvrage, voici sa table des matière :

  • bannissez l'anxiété, soyez insouciant
  • délivrez-vous des chaînes de l'ennui
  • libérez-vous de la tyrannie des factures
  • renoncez à votre carrière et à ses veines promesses
  • quittez la ville
  • mettez fin à la lutte des classes
  • débarassez-vous de votre montre
  • halte à la compétition
  • fuyez la dette
  • échappez à la prison du désir consumériste
  • brisez les chaînes de la peur
  • ignorez le gouvernement
  • refusez la culpabilité, libérer votre esprit
  • la chandelle et la fin des tâches ménagères
  • chassez la solitude
  • oubliez la machine, servez-vous de vos mains
  • éloge de la mélancolie
  • cessez de vous plaindre, soyez joyeux
  • vivez sans emprunt, soyez un joyeux nomade
  • la famille anti-nucléaire
  • désarmez la douleur
  • cessez de vous tracasser pour votre retraite
  • fuyez la grossiereté, choisissez la politesse, l'amabilité et l'élégance
  • à bas les puritains !
  • vivez librement sans les supermarchés
  • fin de la laideur, longue vie à la beauté !
  • mettez fin à la tyrannie de la richesse
  • refusez le gaspillage, soyez frugal
  • cessez de travailler, commencez à vivre


ou encore la conclusion de chaque chapitre :

  • roulez à vélo
  • jouez du ukulélé
  • annulez vos prélèveents automqtiques
  • trouvez votre talent
  • louez une parcelle de jardin
  • soyez bohème
  • jetez votre montre
  • créez une guilde
  • découpez votre carte de crédit en mille morceaux
  • débarassez-vous de votre télévision
  • conduisez le char du feu
  • ne votez plus
  • dites oui
  • allumez une chandelle
  • ouvrez grand vos portes
  • utilisez une faux
  • jetez vos comprimés
  • prenez la vie du bon côté
  • partagez votre maison
  • laissez les enfants tranquilles
  • acceptez les épreuves
  • dites oui à la vie
  • soyez poli
  • nous ne sommes rien
  • faites votre potager
  • brandissez le burin
  • désirez moins
  • ramassez du fumain à la pelle
  • jouez

mercredi 20 juin 2018

NegaWatt

Mise à jour du scénario de transition énergétique pour la France pour la période 2017-2050, avec cette courbe d'évolution de la consommation d’énergie primaire dans les scénarios tendanciel et négaWatt, entre 2015 et 2050 :

Sortir du nucléaire

J'ai jusqu'ici beaucoup réfléchi sur l'urgence à sortir de notre dépendance aux énergies fossiles, parce qu'elles ne sont pas renouvelables et que le stock s'épuise, et parce qu'elles contribuent aux émissions de gaz à effet de serre et donc au dérèglement climatique.

Mais les risques liés à l'énergie nucléaire ne sont pas négligeables.
En réalité, comme l'écrit "sortir du nucléaire", le dérèglement climatique, la raréfaction des énergies fossiles et la menace nucléaire nous obligent au changement.

Pourquoi vouloir sortir du nucléaire ?
En résumé, l'exploitation de l'énergie nucléaire fait courir des risques importants pour notre santé et notre sécurité mais aussi celle de nos descendants pendant des centaines d'années, n'assure pas notre indépendance énergétique, coûte cher, nécessite des installations très centralisées et donc énormément de lignes très haute tension, produit des déchets qu'on ne sait pas gérer de manière durable, augmente le risque de prolifération des armes atomiques, pollue notre environnement, est vulnérable au dérèglement climatique... Le problème c'est aussi que le financement public de l'industrie nucléaire prive de financement les énergies renouvelables qui en auraient besoin.

L'énergie la moins chère et la moins polluante, c'est celle qu'on ne produit pas et qu'on ne consomme pas. Les solutions pour sortir des (ou a minima réduire notre dépendance aux) énergies fossiles et en même temps de l'énergie nucléaire, ce sont celles de l'association négaWatt : sobriété, efficacité, renouvelables :

Taxes sur le bio

Une proposition qui m'a fait réfléchir, lue sur le site des Etats généraux de la bioéthique :

Pour en finir avec l'hypocrisie, il faut renverser le système du label Agriculture Biologique :

"Il est dégueulasse pour les producteurs de payer 350 à 800 euros pour une certification bio et d'être taxé 0,5% du prix du produit vendu par les organismes certificateurs.

Renverser le système, c'est :
  • Taxer à 1% les produits alimentaires ni bio, ni locaux, ni équitables.
  • Offrir avec ça une bourse pour que les producteurs bios, locaux, équitables ne payent plus de frais supplémentaires dus aux organismes certificateurs.

Dans ce monde dominé par l'argent, il faut que ceux qui polluent paient et que ceux qui avancent aient des avantages fiscaux : pas l'inverse".

lundi 5 février 2018

Utopies réalistes

Nourrissante lecture :
 
Rutger Bregman détaille notamment les avantages du revenu universel, et les nombreux exemples montrant que c'est le système le plus efficace pour lutter contre la pauvreté. Ce système pourrait soulager une partie de la population du tracas court-termiste des fins de mois pour leur permettre de se concentrer sur les vrais enjeux, et responsabiliser les bénéficiaires des actuelles aides sociales tout en leur évitant des tracas administratifs kafkaïen. C'est un système qui responsabilise et remet debout, en faisant le pari de l'intelligence humaine.

L'auteur a également une pensée intéressante sur le besoin de dépasser la mesure par le Produit Intérieur Brut, qui était adapté à mesurer l'économie dans une économie en guerre, sur la réduction du temps de travail, sur la répartition entre travail humain et automatisé, ou l'ouverture des frontières (aux déplacements des personnes, plus qu'à ceux des biens, des services et des valeurs financières).

Lire ici une belle présentation de ce livre intéressant.

mercredi 24 janvier 2018

Pourquoi vouloir réduire les inégalités ?

Je propose dans mon petit programme de voter dans les lois de finance un objectif concernant les coefficients de Gini de répartition des revenus et du patrimoine (c'est-à dire de piloter le niveau d'inégalité), je propose également de réduire les écarts de salaires et d'instaurer une allocation universelle (ou revenu de base), et l'un des intérêts que je vois à la Taxe à l'Actif Net est qu'il peut être plus progressif que notre actuel impôt sur le revenu et ainsi mieux assurer la fonction redistributive.

Mais pourquoi vouloir réduire les inégalités? philanthropie pure??

On a vu plus tôt que le bien-être moyen d'une population augmente avec son niveau de revenu moyen, mais que cela plafonne : on note par exemple que au delà d'un PIB de 7000$/habitant en parité de pouvoir d'achat (dollars de 1995), les populations sont à peu près aussi heureuses quel que soit leur PIB par habitant.
Au delà d'un seuil, le bien-être d'une population n'augmente plus avec son niveau de revenu moyen, mais les problèmes augmentent avec les inégalités de revenus.

Démonstration chiffrée à l’appui, deux épidémiologistes britanniques, Wilkinson et Picket, affirment que l’inégalité des revenus est le principal obstacle à la santé et au bonheur des habitants des pays développés dans leur étude intitulée "pourquoi l'égalité est meilleure pour tous".

Leur étude montre que les problèmes sociaux et sanitaires sont plus importants dans les sociétés inégales :
et que ces problèmes sociaux (dans les pays riches) ne sont pas corrélés au revenu moyen :
Ceci est vérifié sur un indice agglomérant les données de différents indicateurs sociaux et sanitaires, mais également sur ces indicateurs considérés séparément. État de santé, espérance de vie, obésité, santé mentale, taux d’incarcération ou d’homicide, toxicomanie, grossesses précoces, succès ou échecs scolaires, bilan carbone et recyclage des déchets, mobilité sociale, tous les chiffres vont dans le même sens : l’inégalité des revenus nuit de manière flagrante au bien-être de tous. Conclusion des auteurs : « Ce n’est pas la richesse qui fait le bonheur des sociétés, mais l’égalité des conditions ».
Vous pouvez trouver cette démonstration en slides ou en causerie TED, les auteurs allant jusqu'à des pistes d'action :

Qu'on mesure l'inégalité par un coefficient de Gini ou par le rapport des revenus des 20% les plus riches sur ceux des 20% les plus pauvres, on constate que dans les pays dits développés comme le notre, l'inégalité est source de problèmes sociaux et sanitaires.

L'inégalité a donc un coût pour la société. Pour le Royaume-Uni par exemple, Equality trust a calculé ici que le coût annuel total de l'inégalité peut être estimé équivalent à 39 milliards de livres, soit près de 45 milliards d'euros. Cela représente 622£/an (soit 714€/an) pour chaque homme, femme et enfant.
Exprimé différent, une étude de Cédric Houdré , Emmanuel L'hour, et Guillaume Rateau conclut que la France gaspille environ 19% de son niveau de vie en inégalités de revenus.

De manière assez utilitariste, diminuer les inégalités devraient donc permettre de diminuer le coût de ces inégalités supporté par l'ensemble de la société.

Avec les données des différents pays étudiés par Wilkinson et Picket, j'aimerais pouvoir construire une courbe de coût des inégalités en fonction de leur niveau d'inégalité. Cela devrait nous aider à identifier la cible de coefficient de Gini des revenus (ou des patrimoines) permettant d'optimiser le coût des inégalités.

Bien entendu, je ne nie pas qu'un minimum d'inégalités est nécessaire pour dynamiser l'économie sans impacter sur le bien-être moyen de la population : il faut qu'il y ait des incitations à travailler, à faire des effort, à exceller, et la hausse potentielle de revenu est une incitation efficace à prendre des risques même si il serait triste qu'elle soit la seule. A ce propos, un rapport du FMI conclut qu'un niveau d'inégalité faible est corrélé de manière robuste avec une croissance plus rapide et plus durable. Mais je rappelle que mon propos ici n'est pas d'optimiser le taux d'inégalité pour maximiser le taux de croissance du PIB, indicateur que je réfute, mais pour maximiser le bien-être de la population et minimiser le coût des problèmes sociaux et sanitaires induits par les inégalités.