vendredi 30 novembre 2012

équilibre, déséquilibre

Il est dramatique de réaliser que notre mode de vie a besoin d'une croissance permanente d'un indicateur éronné (le PIB), pour pouvoir continuer à fonctionner.

Sans croissance du PIB, de nouveaux emplois ne sont pas créés (voire d'anciens amplois sont détruits) et le chomage augmente; moins d'entreprises font des bénéfices et les recettes fiscales diminuent; les Etats doivent donc emprunter plus, ou diminuer leurs dépenses ou augmenter les impôts, etc...

Tout cela est bancal, car cet indicateur, le PIB, ne peut physiquement pas croître indéfiniment, car comme l'écrit Jean-Marc Jancovici, le PIB mesure le flux qui va du stock naturel vers le stock "artificiel" : plus il croît, plus vite le stock naturel diminue.

En France, dans les payes industrialisés depuis longtemps, dans les pays de l'OCDE ou du G7, on voit la croissance du PIB diminuer progressivement :

Nous allons enfin atteindre l'équilibre... c'est-à-dire une croissance nulle du PIB.

Peu importe, puisque nous ne nous soucierons plus de PIB mais que nous baserons notre action sur d'autres indicateurs plus pertinents.
Cependant il ne faudrait pas que cet équilibre de l'actuel PIB provoque une diminution drastique des recettes de l'Etat (les impôts) et une montée en flèche du chômage.

Contre le premier risque, je propose de faire reposer les revenus de l'Etat sur des assiettes plus stables, telles que la consommation et le patrimoine.
 
Le second risque, celui du chômage, fera l'objet d'un billet à venir.

lundi 26 novembre 2012

gauche ou droite ?

Interrogation existentielle : les propositions que je fais sur ce blog sont-elles de gauche ou de droite ??

Pour définir ce qu'est la gauche et la droite, je m'appuirai sur un texte de Patrick Moynot :
Tous les programmes politiques ont pour ambition d'améliorer la vie des gens, de rendre les gens heureux. [...] Ce sont les méthodes qui font la différence, les moyens à mettre en œuvre. [...] Pour le dire en quelques mots et proposer à nos adolescents une formule qui résume bien le débat : la droite pense que pour que la société aille mieux, il faut que les individus aillent mieux. La gauche pense à l'inverse que pour que les individus aillent mieux, il faut que la société aille mieux.

Un peu plus grand public, si Wikipedia est notre source :
Les partis de gauche se rassemblent généralement dans la promotion d'idéaux progressistes et d'égalité, la critique de l'ordre social et le souci d'une plus grande justice sociale.
La droite désigne généralement l'ensemble des courants politiques ayant une doctrine, une tradition ou une idéologie plutôt conservatrice, voire réactionnaire, économiquement libérale ou non. La droite manifeste un certain attachement à l'ordre, considéré comme juste ou comme un moindre mal, et réprouve les changements brusques, notamment sur les questions de société, les questions éthiques et sur les questions économiques.

Alors? mes propositions sont-elles de droite ou de gauche??

Je me sens très loin des extrêmes, car je considère que l'on doit le respect à tous (même si dans le même temps je m'efforce de le mériter) et que la haine n'apporte rien. La radicalité de mes propositions ne doit pas me faire classer dans les extrêmes d'un échiquier politique classique. Si extrême je suis, ce n'est pas sur un axe gauche/droite mais plutôt sur un axe conservatisme/progressisme. Mes propositions fondent une évolution radicale, planifiée sur un court laps de temps (5 ans par exemple).

Je me définis donc un radical évolutionnaire, humaniste, européen et écologiste, social (i.e. aspirant à plus de justice) et libéral au sens politique (i.e. plaçant la liberté, et donc la responsabilité, comme principe politique fondamental).

Je me reconnais dans l'écologie humaniste :
http://lesecolohumanistes.fr/ecologie-humaniste/

Mon opposition au conservatisme m'éloigne de la droite sauce Wikipedia, et mon désir de justice social me rapproche de la gauche même sauce. Cependant j'apporte plus de considération à l'individu qu'à la société, et sur les questions de société je pense que l'Etat doit défendre les modèles qui présentent un avantage pour la société dans son ensemble et sur le long terme, plutôt que répondre à des revendications adressant quelques cas particuliers et de court-terme.

Alors? mes propositions sont-elles de droite ou de gauche??

Economiquement je n'ai aucun à-priori. Le capitalisme, système ancien et ayant fait ses preuves, est le système survivant, mais on connait tous ses excès : la course au pillage des ressources, le court-termisme, l'apauvrissement des plus pauvres... La solution sera certainement une économie de marché incluant une bonne dose de régulation, et toute la question est de savoir quelle finalité on donne à cette régulation.
L'économie ne sera qu'un moyen, tout comme la fiscalité ou la diplomatie.

Pour revenir à mes idéaux : de l'opposition parfois frontale entre Liberté et Egalité, on pourrait passer à la complémentarité entre Responsabilité et Equité. La Fraternité complète le triangle et lui permettra de tenir fermement.
Je suis plus attaché aux devoirs qu'aux droits, et en cela "plutôt aristocrate" à la suite de Vladimir Volkoff : le gouvernement par les meilleurs. Le défi est de choisir comment désigner "les meilleurs" en question. Et je suis convaincu de l'importance de l'éducation car l'Homme ne nait pas responsable mais le devient patiemment.

Alors? de droite ou de gauche, je ne sais pas me classer. Peut-être suis-je gris??

samedi 24 novembre 2012

indicateur : PIB... ou autre

Le PIB est depuis longtemps critiqué, notamment car il ne comptabilise que la valeur totale de la production de richesses sans tenir compte de la consommation de ressources naturelles (renouvelables ou non, mises à disposition gratuitement par la nature), ni les impacts négatifs comme la pollution, ni les activités non marchandes. Il ne mesure que le flux de production, et non un stock de capital ou de dettes. Jean-Marc Jancovici en fait ici un bon exposé pédagogique, résumé par ce petit schéma :
où W est le travail et K le capital.

Le PIB mondial augmente,
les PIB par habitant de la plupart des pays également, mais en quoi cela représente-t-il un progrès?
Dès 1968, Robert F. Kennedy disait "En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue".

Pour Dominique Méda, le PIB présente trois grandes limites :
* il ne tient pas compte de temps et d'activités essentielles pour le développement de la société comme le temps avec les proches, le temps pour les activités politiques, le temps domestique ;
* il n'est pas affecté par les inégalités dans la participation à la production ou à la consommation ;
* il ne tient pas compte des dégradations apportées au patrimoine naturel.

Un indicateur doit servir à se fixer des objectifs (indicateur de cap : on cherchera par exemple à le maximiser) ou à alerter pour anticiper les difficultés (indicateur d'alerte : s'il dépasse un certain seuil, on doit prendre des actions rapidement). De par sa construction, le PIB n'est pas un indicateur d'alerte, et chercher à le maximiser n'est pas bénéfique pour nos sociétés sur le long terme.

Dans un premier temps, le PIB pouvait être un indicateur de cap défendable :
Une étude publiée en 2001 par l'université de Princeton a montré que jusqu'à un certain seuil (environ 15 000 dollars par an et par personne), l'augmentation du PIB par habitant est fortement corrélée à l'augmentation du bien-être de la population. Au delà de ce seuil, le PIB par habitant n'est pas un bon indicateur, car son augmentation n'est plus corrélée à l'augmentation du bien-être de la population. Ce seuil à été franchi en 1964 pour les Etats-Unis d'Amérique, et en 1978 pour la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni :
Une cartographie bonheur/PIB montre qu'au delà d'un PIB de 7000$/habitant en parité de pouvoir d'achat (dollars de 1995), les populations sont à peu près aussi heureuses quel que soit leur PIB par habitant :
On retrouve le même type de seuil quand on regarde le niveau d'éducation ou l'espérance de vie. Il s'agit du paradoxe d'Easterlin : "le paradoxe bonheur/revenu est l’étonnant constat que, sur le long terme (10 ans ou plus), le bonheur de la population n’augmente pas lorsque le revenu d’un pays augmente". Wikipedia en fait un énoncé plus prudent :  "une hausse du PIB ne se traduit pas nécessairement par une hausse du niveau de bien-être ressenti par les individus".
Alors quel indicateur choisir pour remplacer le PIB??

Indicateur de cap :
Si l'on souhaite conserver un indicateur d'activité économique, il faut passer d'un indicateur de flux (l'actuel PIB) à un indicateur de résultat net, c'est-à-dire comptabilisant en positif les ressources (non consommés) et les biens présents (créés et pas encore usagés), et en passif la pollution. Ainsi, une production importante de biens non durables par un consommation de ressources à une vitesse plus rapide que leur renouvellement, représentera une baisse du résultat net. Le PIB "vert", correction du produit intérieur brut en fonction des coûts environnementaux (consommation de ressources naturelles, pollution), s'apparente à cela, mais ces coûts environnementaux sont difficilement chiffrables.
Cet indicateur principal peut également être moins centré sur l'économie, comme les 2 indices composites suivants :
* Indice de Développement Humain, qu'il serait bon corriger par un indice des libertés publiques,
* Indice du Bonheur Mondial.
L'inconvénient de ne retenir qu'un seul indicateur, même composite, c'est de passer à côté d'enjeux essentiels. En cherchant à maximiser le seul IDH par exemple, on risque de suivre l'exemple de pays dont l'empreinte écologique nous mène à la catastrophe :

Indicateur(s) d'alerte :
quelques idées en vrac :
* part de la population vivant sous le seuil de pauvreté,
* émissions de CO2 par personne,
* taux de chômage,
* coefficient de Gini du patrimoine,
...

Quelques éléments de réflexion glanés dans l'excellent rapport de la Fabrique Spinoza "les indicateurs complémentaires au PIB - état des lieux et chemins de progrès", éléments que je reprend à mon compte :

1) Les limites du PIB :
* Le PIB n’est pas corrigé des externalités négatives.
* Le PIB ne mesure pas la création de richesse bénévole.
* Le PIB mesure la production nationale plutôt que de se centrer sur les ménages.
* Le PIB mesure les flux, mais ignore l’épargne, l’investissement et la préservation du patrimoine.
* Le PIB est insensible à l’accroissement des inégalités.
* Le PIB ne prend pas en compte la durabilité de la création de richesses.
* Sur le plan idéologique, la chute du taux de croissance du PIB alimente un imaginaire de désespoir pour notre avenir.
* enfin, la croissance du PIB n'est pas totalement corrélée avec l'amélioration de la "satisfaction de vie".


2) trois chemins pour la construction et l’utilisation de nouveaux indicateurs de richesses :
* "réparer le PIB", sans véritable changement idéologique (c'est la piste du "PIB vert"),
* une approche "GDP plus", en adjoignant
d’autres dimensions (environnement, lien social, etc.) au classique PIB (par exemple PIB/habitant x coefficient de Gini de la répartition du patrimoine),
* création d’indicateurs ex nihilo, sans considération du PIB.

Un exemple intéressant : Happy Planet Index = (espérance de vie x indice de satisfaction de la vie) / empreinte écologique.
ou encore l’Indice de Développement Humain, basé sur le revenu national brut par habitant, l’espérance de vie et le niveau d’instruction d’un pays.

etc...

3) Quels rôles possibles pour les indicateurs ?
* fonction d’alerte,
* fonction d’aide à la prise de décision,
* fonction d’évaluation des politiques,
* fonction de communication,
* fonction de transformation sociétale.


jeudi 15 novembre 2012

Erasmus à tous les étages !! programme Semprun...

Une proposition intéressante, trouvée sur le site de Daniel Cohn-Bendit :
Dans un futur proche, il m’apparaît indispensable que dès lors qu’un Français, un Allemand ou tout autre membre de l’Union accède à un important poste électif, il puisse, au cours de son mandat, être envoyé pour une durée de six mois à un an dans une institution sœur d’un autre Etat membre. Ainsi, un député français qui effectuerait un tel stage hors de l’Hexagone se verrait, le temps de son absence, remplacé par un homologue d’une autre nationalité – sans qu’évidemment ce dernier ne dispose pour l’instant d’un droit de vote effectif. Les deux « stagiaires » conserveraient bien sûr le bénéfice de leurs indemnités parlementaires... à moins de se rendre coupables d’absences à répétition ! Une telle innovation dans nos mœurs politiques ne coûterait donc pas un centime supplémentaire tout en contribuant à l’émergence d’une véritable appréhension internationale et européenne sur les grandes questions qui traversent nos débats prétendument nationaux. Cela permettrait également d’en finir avec le triste monolinguisme qui affecte encore aujourd’hui plus de 80 % de nos parlementaires...

Pour les profs aussi :
"permettez à des professeurs à la retraite d’aller accompagner des jeunes professeurs dans d’autres pays, connaissant nos enseignants, je suis certain que vous trouverez plus de volontaires que vous n’en souhaiterez !"

De manière générale, l'idée me parait également intéressante pour toutes les fonctions régaliennes de nos états européens (armée, police, justice, impôts), de la même manière que les grandes entreprises tentent d'organiser des parcours professionnels passant par plusieurs pays pour former leurs cadres les plus prometteurs.