jeudi 17 novembre 2016

pétrole et entropie

Intéressant :

Un litre d’essence provient de 23 tonnes de matière organique transformée au cours d’une période d’un million d’années (Belpomme Dominique, Avant qu’il ne soit trop tard, Fayard, 2007).
Et chaque fois que nous brûlons un litre d’essence, nous avons besoin de 5 m2 de forêt pendant un an pour absorber le CO2 émis (Latouche Serge, Petit traité de la décroissance sereine, Mille et une nuits, 2007).

Ces deux chiffres illustrent les deux faces d’un même phénomène dévastateur. En amont de la consommation d’essence, le pétrole a nécessité des milliards de tonnes de matière organique et des millions d’années de constitution avant d’être extrait du sol. En aval de la consommation d’essence, les émissions de CO2 représentent des quantités phénoménales de Gaz à Effet de Serre (GES) que la nature doit ingurgiter d’une manière ou d’une autre, jusqu’à l’overdose.

Si je reformule :
d'un côté nous dépensons à grande vitesse ce que la Terre a épargné depuis des millions d'année, et nous laissons à nos descendants une gigantesque dette écologique sous la forme de pollutions diverses et de l'inertie de leurs effets (par exemple décalage temporel entre les émissions de gaz à effet de serre et réchauffement climatique causé par ces émissions).

Il nous faut vraiment re-penser notre rapport au temps long.

J'aimerai lire l'article titré "Entropie et flèche du temps : le rendez-vous manqué de la civilisation industrielle" :
La loi de l’entropie croissante, ou deuxième principe de la thermodynamique, est très précieuse pour comprendre la civilisation industrielle et son impact sur l’environnement global, le système Terre. Elle indique que l’énergie non renouvelable que l’activité humaine transforme se dégrade de façon irréversible. Mais des obstacles culturels profonds bloquent depuis la découverte de cette loi, au XIXe siècle, sa pleine réception dans les sociétés industrielles.

Nous n'avons pas assez conscience que notre civilisation industrielle repose sur la consommation d'énergie. En réalité, cette énergie ne disparaît pas (puisque le premier principe de la thermodynamique nous dit que l'énergie totale se conserve), mais l'entropie totale du système "Terre" augmente, augmentation irréversible comme l'indique le second principe de la thermodynamique.
C'est pourquoi on peut parler de crise entropique plutôt que de crise énergétique.

La seule façon connue de concentrer à nouveau l'énergie à haute entropie de nos émissions de CO2 industrielles dans un carburant fossile à faible entropie, c'est de passer par des êtres vivants, et beaucoup de patience bien sur. En effet, la réduction de l'entropie interne (au détriment de l'entropie externe, bien sûr) peut être retenue comme une caractéristique de la vie. En 1944, dans son livre "Qu'est-ce que la vie ?", le physicien autrichien Erwin Schrödinger introduit le concept de néguentropie, ou entropie négative, pour expliquer la présence de l'ordre à l'intérieur des êtres vivants et leur tendance à s'opposer au chaos et à la désorganisation qui régit les systèmes physiques.

Tout le problème, c'est que ce renouvellement des stocks d'énergies fossiles est un processus qui prend du temps, beaucoup de temps...

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