samedi 7 juillet 2012

taxe carbone et importations

J'ai envisagé précédemment une taxe carbone s'appliquant à l'importation et à l'extraction des énergies fossiles en Europe. Cette taxe permettrait de réduire les émissions de CO2 dues à la consommation en Europe des énergies fossiles, que ce soit pour des usages locaux (transports, production de chaleur ou d'électricité) ou pour des procédés industriels.

C'est à cette seconde facette que je veux m'attaquer ici : celle de l'importation en Europe de produit dont la fabrication à généré des émissions de CO2 (autre façon de le dire : délocalisation d'émissions de gaz à effet de serre). Elle représente une part non négligeable de nos émissions de CO2 :


Un exemple trouvé : une tonne de ciment se vend en Europe 40€ ; la fabrication d'une tonne de ciment émet un peu moins d’une tonne de CO2. Ces émissions sont dues à :
1) la réaction chimique donnant de la chaux,
2) l'alimentation par des énergies fossiles des chaudières de la cimenterie.

J'ai lu quelquepart que l'extraction et la fabrication de ciment représentent environ 7% des émissions de CO2 dans le monde.
On voit qu'une taxe carbone de 150€/tCO2 s'appliquant à l'importation et à l'extraction des énergies fossiles aux frontières de l'Europe n'impacterait qu'une partie des émissions de CO2 générérées par la production industrielle de ciment. Cela risque donc d'être à la fois insuffisant pour inciter à réduire notre consommation de ciment, et suffisant pour voir les cimenteries déménager vers des pays n'appliquant pas de taxe carbone.

La première partie pourrait se résoudre par l'application de la fameuse taxe carbone aux activités émettant du CO2 réalisés en Europe (usine d'incinération, cimenteries...). Pas de difficulté majeure à cela, car ces industries sont déjà surveillées dans le cadre du système des quotas. Mais alors toutes les industries émettant du CO2 quitteront l'Europe en y laissant leurs salariés devenus sans-emploi, pour aller émettre leur CO2 ailleurs et importer ensuite leurs produits vers l'Europe.

Comment s'en sortir ??
Je n'ai pas encore la solution idéale... Ce qui est certain, c'est que nous ne pouvons pas nous imposer en Europe des contraintes exigentes (par exemple la prise en compte du coût écologique de nos activités humaines) et laisser nos industries en concurrence (déloyale) avec celles d'autres pays n'ayant pas intégré ces contraintes.
Comme écrit ailleurs, la difficulté est de supporter le coût de choix politiques (celui d'un certain niveau de protection sociale, d'objectifs écologiques ambitieux...), et de se retrouver en concurrence avec des pays n'ayant pas fait les mêmes choix et offrant donc des coûts de production plus compétitifs à court terme.
Une possibilité serait d'affecter à chaque produit importé un contenu de CO2 (celui qui a été émis lors de la fabrication de ce produit), et on appliquerait à cette importation le même taux de taxe carbone qu'aux importations d'énergies fossiles.
Le prix de ma tonne de ciment fait alors un bond de plus de 300%, avec répercussion immédiate sur le prix du béton (dans une moindre proportion, puisque le ciment ne représente que 15% de la composition du béton, pourcentage en masse et non en coût).

L'une de mes propositions en terme de régulation des échanges commerciaux était d'essayer de pallier aux différences d'engagement de protection sociale par des droits de douanes spécifiques.
On pourrait imaginer faire de même sur les différences d'engagement de protection écologique. Si le produit importé a été fabriqué dans un pays appliquant une taxe carbone, on soustrairait du taux de taxe carbone du pays importateur (l'Europe) le taux de taxe carbone du pays exportateur. En plus de remettre à égalité les industries européennes avec les celles des autres régions du Monde, cela pourrait vaincre des réticences dans d'autres pays à appliquer une taxe carbone, et inciter ces mêmes pays à aligner leur taux avec le taux européen.

On le voit, ma vision de régulation des échanges commerciaux se complique... La fixation des droits de douanes que je souhaitais objectifs, clairs et transparents, se transforme en usine à gaz (aïe aïe aïe : émissions de CO2).

1 commentaire:

  1. Une taxe carbone aux frontières de l'Europe, projet fédérateur et instrument incitatif pour les pays qui s’affranchissent de l’accord de Paris.
    https://www.pacte-climat.eu/fr/une-taxe-carbone-aux-frontieres/?mc_cid=6992dbd2c9&mc_eid=4dbb7a1bf7

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